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Médiation + édition : d’une visite contée pour enfants à un livre jeunesse

Il était une fois trois médiatrices inventives à l’origine d’une visite contée créée pour les familles et les jeunes enfants à partir de 3 ans.

Parmi elles se trouvait une dessinatrice à l’imagination fertile.

Les ingrédients étaient réunis pour concevoir un ouvrage jeunesse fruit de l’inspiration foisonnante de ce trio.

Pour donner corps à ce livre, la Cité du vitrail s’est appuyée sur l’expertise éditoriale de Clarisse Robert chargée de coordonner la réalisation de l’ouvrage, affiner la préparation du texte, concevoir la maquette et assurer le suivi d’impression.

Les dessins ont été retravaillés et colorisés par l’illustratrice Vérane Cottin qui a apporté sa touche artistique et son savoir-faire graphique.

Retour sur la genèse de ce projet éditorial singulier dont la réalisation ne relève pas de la magie, mais de savoir-faire maîtrisés et d’une émulation collective.

 

Visite contée dans la Cité du vitrail, Troyes (Photos Cité du vitrail)

 

Genèse du projet

Depuis plusieurs années, la Cité du Vitrail, à Troyes, propose aux jeunes enfants de 3 à 6 ans des visites contées pour les initier à l’art du vitrail en suivant les aventures d’un personnage imaginé par les médiatrices de la Cité : la fée Grisaille.

Face au succès rencontré lors de ces visites et grâce aux talents d’écriture et de dessin des médiatrices, la conservatrice de la Cité du Vitrail, a eu l’idée d’éditer un livre jeunesse proposé à la vente dans la librairie-boutique. L’objectif était à la fois de proposer aux familles un prolongement de la visite et de mettre en valeur les multiples talents de l’équipe de médiation.

Après deux années de préparation, l’ouvrage a vu le jour fin 2022 et a été présenté au public lors de la réouverture de la Cité du Vitrail tout juste inaugurée.

Déroulement du projet

Mené durant les longs mois de la crise sanitaire, le projet a finalement bénéficié d’un temps long propice à sa maturation et à son affinage.

Chaque élément a fait l’objet d’une préparation spécifique avant l’étape de mise en page.

• Texte

Le récit initial, rédigé à partir de la trame de la visite contée, a fait l’objet d’une réécriture partielle. Certains passages ont été réduits tandis que d’autres ont dû être développés. Chaque élément de l’intrigue a été analysé pour s’assurer de la cohérence des événements à l’intérieur de l’histoire et de l’enchaînement des situations.

Pour vérifier le bon déroulement de l’histoire, un chemin de fer a été réalisé afin de valider le découpage par chapitres ainsi que l’ordre et la répartition des visuels.

Chemin de fer permettant de visualiser l’emplacement des illustrations et l’équilibre texte-images (Conception Pagissime)

• Maquette

Le gabarit de mise en page répond, quant à lui, aux standards du livre jeunesse : marges importantes apportant une respiration, part belle réservée aux images essentiellement placées en page de droite, dite « belle page » en édition, taille des caractères suffisamment grande, etc.

Une attention particulière a été accordée au choix de la typographie. Créée par le typographe français Thierry Fétiveau et diffusée par l’atelier lyonnais 205TF, la police de caractères Andersen avait un nom prédestiné. Après quelques recherches, elle est apparue comme une évidence. Cette typographie possède notamment des signes de ponctuation dessinés pour exprimer des sentiments.

• Illustrations

Dessinées de manière spontanée, suivant l’inspiration, les illustrations ont été complétées par quelques dessins supplémentaires pour veiller à l’équilibre des chapitres et éviter les doubles pages sans visuels.

L’illustratrice Vérane Cottin a retravaillé les dessins initiaux de manière à simplifier la composition tout en ajoutant quelques détails « clin d’œil » visibles lorsque l’on s’attarde sur l’illustration.

La mise en couleurs a été opérée suivant la charte chromatique définie préalablement avec l’équipe.

Les trois étapes de la création des illustrations (Dessins Marina Manchin et Vérane Cottin)

• Format et pagination

Après discussion avec l'imprimerie Chirat, le choix s’est porté sur un format carré de 22 × 22 cm qui, une fois ouvert, offre un espace de lecture confortable permettant la mise en valeur des illustrations et une bonne lisibilité du texte.

La pagination devait également contribuer à la rigidité de l’ouvrage tout en restant limitée pour contenir le prix de vente en deçà de 10 euros.

La complémentarité des deux approches

Le travail d’écriture a permis aux médiatrices-autrices de mieux cerner le personnage de la fée Grisaille en les obligeant à fixer un univers plus précis.

Alors que la visite contée autorise une grande part d’improvisation, le passage à l’écrit requiert un cadre bien défini, mais laisse aussi le temps de détailler les situations, les personnages, les sentiments, …

Dans les deux cas, le recours à un personnage imaginaire présente un triple intérêt :
- faciliter la mémorisation,
- capter l’attention,
- générer de l’émotion.

En visite, la description pure fonctionne difficilement avec de jeunes enfants car le vitrail traditionnel est une image figée et découpée via un réseau de plomb qui complique la lecture. L’imagination vient donc unifier des images perçues comme disparates.

Par ailleurs, en personnifiant la technique de la grisaille grâce à la figure de la fée, les médiatrices de la Cité du Vitrail ont fait le choix d’introduire de la poésie dans un univers très technique. L’approche du vitrail est ainsi conçue comme « une porte d’entrée vers un autre monde ».

L’ouvrage en vente dans la boutique de la Cité du vitrail, Troyes (Photo Clarisse Robert)

 

Le début d’une aventure éditoriale

Le projet sous-jacent à ce premier opus est de développer une collection destinée à aborder les principales techniques du vitrail à différentes époques :

  1. Grisaille > Moyen-Âge (à partir du VIIe s.)
  2. Jaune d’argent > Renaissance (XIVe s., vers 1300)
  3. Émaux > (milieu XVe s., vers 1450)
  4. Vitrail Tiffany (XIXe s.)
  5. Dalle de verre (XXe s.)
  6. Fusing (XX-XXIe s.)

À chaque tome doit correspondre une intrigue particulière tout en respectant une structure identique : une histoire originale complétée par une fiche technique permettant de définir des notions clefs.

Ces deux expériences conjuguées – visite contée + livre illustré – pourraient, à l’avenir, donner envie à l’équipe de médiation de s’orienter vers une visite plus théâtralisée.

Conclusion

Loin de remplacer la visite elle-même, cet ouvrage constitue un prolongement et un complément à la découverte des vitraux pour les familles désireuses de garder un souvenir de leur passage à la Cité du Vitrail.

Cette œuvre de fiction joue aussi le rôle de support de connaissance grâce aux notions techniques abordées dans le cahier technique. Plaisir de la lecture et apprentissage pédagogique se trouvent ainsi mêlés. Il est d’ailleurs prévu d’insérer cet album illustré dans la mallette pédagogique « Vitrail et contes de fées » à destination des enseignants de maternelles.

Le livre peut alors devenir un outil d’incitation à la visite. Un cercle culturel vertueux en somme !

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